conflit dans le couple

Théorie du cycle de la violence :

  • non gestion des déceptions et insatisfactions

–     accumulation de déceptions non gérées et acceptées – la  personne va confondre la personne et les problèmes de la relation

–     choses non parlées, pas d’échange, ni de négociation pour ajuster

  • l’entre nous n’existe pas, il n’y a pas de recul sur l’autre, sur la relation.

 

Les confrontations, voire les disputes, sont pourtant nécessaires à la vie conjugale pour métaboliser les inévitables frottements relationnels. Cela met au grand jour malentendus, frustrations… Le couple peut passer par diverses péripéties de ce type :

  • Ainsi d’un conflit où s’exprime la colère qui vient de l’impuissance, l’impatience, la

frustration d’un besoin, d’une attente, d’un désir, avec la peur qu’ils ne soient jamais satisfaits – cette colère montre qu’on est vulnérable, en souffrance, en manque. Il s’agit d’une volonté d’amener l’autre à rejoindre sa propre manière de voir, de penser, souhait de domination vouée à l’échec dans la relation.

  • Le couple peut aussi vivre une confrontation – affrontement, front contre front,

opposition à l’autre. Chaque point de vue est légitime et chacun le reconnaît, « tu voudrais que… », il faut alors se positionner, puis négocier, accepter de se décentrer de son point de vue : pas de toute puissance ni de volonté de changer l’autre. En cherchant ensemble des solutions aux désaccords ou conflits, on construit l’entente et l’harmonie de la vie en couple. Par exemple, trouver la solution qui  procure le sentiment d’être aimé et apprécié, ou encore discerner pour décider et agir : la décision sera bonne si elle laisse en paix chacun des conjoints. Ces dispositions demandent d’apprendre l’empathie sur ce que dit et ressent son partenaire, même si l’autre ne le comprend pas, afin de respecter ses idées et sentiments sans le juger. Cette empathie donne à comprendre ce qui est important aux yeux de la personne aimée.

  • Enfin le couple peut passer un compromis : accord qui se veut pragmatique et qui est

au service de la relation, avec ajustements et concessions réciproques dans le respect des positions de chacun. Chacun reste vigilant à se faire entendre et entendre l’autre dans une bonne volonté. La compromission est l’inverse : c’est céder sous la pression de l’autre dans un rapport de pouvoir. Dans un couple il y a souvent des désaccords à dépasser. Si résistance face aux demandes de l’autre est-ce par peur de ne plus être aimé, d’être diminué ? Oser la confrontation c’est avoir le courage de s’affirmer, en dépit de la peur, en étant clair sur sa propre motivation à y aller, reconnaitre en quoi on a contribué à la source du conflit, prendre du recul honnêtement.

 

Quelques conditions nécessaires pour gérer les conflits :

  • Renoncer au rêve du conjoint idéal
  • Si la pression monte, reporter la discussion
  • Exprimer ses ressentis, besoins, demandes, et ce de la part de chacun
  • Laisser l’autre parler jusqu’au bout
  • Bannir les « toujours » et « jamais »
  • Accepter de changer, s’adapter
  • Elaborer ensemble une solution de sortie « gagnant-gagnant »
  • Avec humilité, quitter ses certitudes
  • Accepter les différences
  • Apprendre à s’écouter et se parler
  • Eviter le « œil pou œil, dent pour dent »
  • Ne pas attaquer la valeur personnelle de l’autre
  • Ne pas vouloir changer l’autre
  • Prendre en compte la demande de l’autre en reformulant
  • Accepter de se remettre en cause par une réflexion sur soi

A ce moment-là, dire  «  je » est l’expression de ressentis personnels, et non pas un type de communication accusateur et enfermant. Rien ne peut être possible sans une alternance d’écoute respectueuse, d’empathie qui permet à l’autre de se dire sans être interrompu et sans être jugé. Cette communication non-violente est à apprendre et ouvre au respect et au dialogue qui devient du coup ressourçant, revalorisant et qui restaure et l’un et l’autre et la relation.Le couple aura tout intérêt à apprendre la communication non violente pour décoder une situation de conflit : à partir de ce qui se passe à l’extérieur de soi, prendre conscience de ce qui se passe en soi, sortir de ses habitudes relationnelles. Les comportements, les gestes  reflètent aussi ce que chacun ressent, et si c’est le contraire de ce qu’il dit, cela se verra – notre attitude reflète notre intériorité. Voici les étapes d’une communication non violente[1] :

 

 

–          Dire « je », lequel responsabilise alors que le « tu » tue.

–          Observer – dire ce qui se passe en restant dans les faits

–          Dire les sentiments qui nous habitent avec leur intensité –  « je me sens… »

–          Comprendre le besoin réel« parce que j’ai besoin de… »

–          Aboutir à une demande pour soi ou pour l’autre : demande concrète, réalisable, laissant l’ouverture au dialogue pour éviter la notion d’exigence – « est-ce que tu serais d’accord pour… »

 

Mais ces dispositions peuvent disparaître très rapidement, lorsque chacun reprend sa propre vie,  ce qui est très facile aujourd’hui avec, comme c’est dans l’air du temps, le téléphone portable, Internet qui le permettent – bon nombre de couple ont leur propre adresse au bureau  et ne communiquent pas du tout ce qui peut s’y passer. Autrefois tous les coups de téléphone arrivaient à la maison, mais aujourd’hui chacun peut communiquer avec d’autres sans en parler à son conjoint. C’est aussi plus facile grâce à l’autonomie financière existant chez les deux partenaires. Rencontrer qui on veut où on veut est donc plus facile. Garder plus que son jardin secret, c’est notamment ne pas dire à l’autre ce qui nous plaît ou nous déplaît. L’infidélité peut naître là, dans  l’insatisfaction sexuelle, affective, sans oser le dire à l’autre et on va alors ailleurs, on se crée son monde pour satisfaire ou guérir ce qui est blessé.

Cette démarche de vérité demande aussi d’apprendre à gérer ses émotions – celles qui remontent en nous, à accueillir et à nommer. Si l’émotion est trop grande et que les mots ne suffisent pas pour l’apaiser, elle correspond à un besoin inassouvi ou à une blessure non réglée. Réfléchir sur ce besoin – besoin d’être reconnu, à ma place… – et travailler dessus est indispensable.  Pour bien s’exprimer et accueillir l’autre,  il faut faire la différence entre émotions et sentiments :

–       Emotion : c’est en moi et tourné vers moi –  « je me sens…» à la suite d’un évènement.

–       sentiment : c’est en moi et tourné vers l’autre –  « j’aime, je déteste…. » dans une relation.

Parler de soi ainsi permet d’enrichir la relation et de gagner en complicité et en profondeur, pour soi et l’autre. Taire ses émotions ou sentiments c’est appauvrir le lien, courir le risque de perdre l’autre qui se désintéressera de soi, car le vécu interne à la relation sera plat.

L’un des freins de la communication est que nous n’avons pas le même langage d’amour, ce qui provoque des malentendus, des incompréhensions, des ressentiments. Nous attendons que l’autre fasse pour nous ce que nous aimons : il n’a qu’à deviner. Nous faisons pour l’autre ce que nous aimerions qu’il fasse pour nous et nous tombons à côté. Apprendre le langage d’amour de l’autre ce n’est pas perdre du temps, c’est en gagner, et surtout venir vers lui avec ce qu’il attend lui, lui donner la certitude d’être aimé. Chacun a son langage propre et unique. Provoquer l’autre par l’inattendu, la fantaisie, savoir ce qui lui fera plaisir, dire ce qui nous fait plaisir, quelle douceur ! Et dans le jeu du corps et le langage sensuel échangés, cela fait aussi partie de l’intimité et de la complicité du couple.

Les langages de l’amour [2] :

–       les paroles valorisantes : encouragements, croire en l’autre 

–       les services rendus : aides qui lui font plaisir, le décharge 

–       les cadeaux : symboles visibles de l’amour éprouvé, qui fait qu’on a pensé à l’autre, fait attention à lui 

–       les  moments de qualité : moments privilégiés d’attention totale à l’autre, à l’être-ensemble 

–       les gestes de tendresse : utiliser le toucher sécurise dans l’amour.

 

« Épouser » la carte du monde de l’autre est le premier pas vers une relation harmonieuse et efficace : se décentrer et ne pas rester sur ses certitudes, croyances, positions.

La considération, le respect 

L’autre est unique, a un trésor en lui…

–       le laisser trouver en lui ses richesses et la solution à ses problèmes ;

–       encourager le positif et voir en l’autre un être en devenir ;

–       l’accompagner dans sa croissance.

 

Nous avons tous besoin de signes d’attention, il suffit de peu pour que tout soit transformé : une félicitation pour un repas, un compliment sur un changement de coiffure, la valorisation d’un talent….Sans cela, chacun a l’impression que l’on ne tient pas compte de lui, qu’on ne l’écoute pas, qu’on ne le remarque même pas, et cela aboutit à la fugue qui est une reconnaissance de son impuissance à se faire entendre.

Ce cheminement exige d’avoir un regard neuf chaque matin : « se laver les yeux chaque matin » (proverbe arabe), avec le sourire pour une vie avec l’autre qui fait du bien et rend la relation vivante.


[1] Les mots sont des fenêtres de Rosenberg

[2] Gary Chapman, Les langages de l’amour.

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